Gestion des déchets dans les petites villes : simplification du geste de tri et collecte des biodéchets parmi les priorités
Selon la première étude sur la gestion des déchets ménagers et assimilés dans les petites villes que vient de publier l’Association des petites villes de France (APVF), les collectivités sondées se donnent comme priorités pour les années à venir la simplification du geste de tri et la mise en œuvre de la collecte sélective des biodéchets. La lutte contre les déchets abandonnés constitue aussi une préoccupation forte des maires qui se sentent majoritairement démunis pour y faire face. Même si seulement 19% des petites villes l’ont mise en place, la tarification incitative a quant à elle permis à ces collectivités de réduire de 25 à 50% la quantité de déchets.
En partenariat avec l’éco-organisme Citeo et le groupe Sphere, spécialisé dans les emballages ménagers, l’Association des petites villes de France (APVF) vient de publier la première étude sur la gestion des déchets ménagers et assimilés dans les petites villes (de 2.500 à 25.000 habitants). Plus de 200 communes dont 60% de petites villes centres, comptant majoritairement de l’habitat individuel, ont répondu sur une période d’un mois via un questionnaire en ligne. Dans 56% des territoires interrogés, la compétence collecte et traitement des déchets est exercée par la même structure (collectivité ou syndicat), ce qui permet une meilleure coordination, souligne l’APVF. Quand ce n’est pas la même structure, la compétence collecte mais aussi traitement est majoritairement exercée par l’EPCI. Dans 55% des villes ayant répondu à l’enquête, la collecte a lieu une fois par semaine mais un tiers cherchent à l’optimiser en l’organisant moins d’une fois par semaine. Dans la très grande majorité des cas (68%), la collecte du verre dans les petites villes est réalisée au maximum une fois par semaine.
Collecte sélective des biodéchets : 87% des collectivités sondées sont pour
Interrogées sur la généralisation à toutes les collectivités du tri à la source des biodéchets des ménages qui, en vertu de la loi Agec, doit intervenir au plus tard le 31 décembre 2023, 65% des petites villes affirment avoir connaissance de cette obligation sans pour autant avoir déjà mis en place un dispositif de collecte séparée (58% n’en ont pas). Lorsqu’elle n’existe pas encore, la collecte sélective est dans la majorité des cas en cours de réflexion et 87% des petites villes se déclarent aujourd’hui en faveur de la mise en œuvre d’une collecte sélective des biodéchets sur leur territoire. Dans les petites villes sondées déjà concernées par une collecte des biodéchets, la gestion de ces derniers se fait très majoritairement en compostage domestique ou collectif (respectivement 40% et 28% des cas). Le principal frein à la mise en place de la collecte sélective des biodéchets, cité par 35% des collectivités ayant répondu à l’enquête est le coût économique. Vient ensuite (33%) l’acceptabilité/adhésion des citoyens. « Il y a donc un réel besoin d’accompagnement financier de l’État mais aussi un fort besoin de sensibilisation et de communication », relève l’étude.
Celle-ci met aussi en exergue le fléau des déchets abandonnés, une préoccupation forte pour 4 maires de petites villes sur 5. Mais 77% des petites villes interrogées considèrent que les pouvoirs des maires sont insuffisants pour faire face à ce phénomène.
Tarification incitative : encore du chemin à faire pour convaincre
La tarification incitative peine aussi à se développer dans les petites villes, même si le taux de mise en oeuvre (19% dans les collectivités sondées) reste supérieur à la moyenne nationale. Dans la majorité des petites villes qui l’ont mise en place, elle a en tout cas permis de réduire de 25 à 50% la quantité de déchets. Une majorité des petites villes interrogées (52%) se dit toutefois partagée sur la tarification incitative. Les principales raisons de sa non mise en place résident dans un sentiment de doute sur son utilité (36% des répondants) et dans un manque de moyens pour faire face au coût engendré (33% des réponses). Selon les auteurs de l’étude, « l’accompagnement des collectivités mais aussi la sensibilisation à l’égard des citoyens sont deux leviers pour accélérer le développement de la tarification incitative. »
Simplification du geste de tri : besoin de plus de moyens techniques pour la mettre en oeuvre
La simplification du geste de tri est, elle, majoritairement connue dans les petites villes (73% des collectivités interrogées). Cette simplification consiste à étendre les consignes de tri pour permettre aux habitants de mettre tous les emballages dans le bac approprié et de développer le recyclage des emballages en plastique qui n’étaient pas recyclés jusqu’alors comme les films, pots, barquettes, tubes et sachets. Plus de la moitié des petites villes sondées l’ont déjà mise en place et la plupart d’entre elles ont pu ainsi augmenter de 20 à 40% la performance de tri mais beaucoup de territoires n’ont toujours pas les moyens techniques pour la mettre en œuvre. Pour les années à venir, cette simplification du geste de tri arrive en tête des priorités des petites villes sondées, devant la gestion des biodéchets et la tarification incitative.