Il est urgent de diminuer la pollution automobile
Un collectif de médecins et de chercheurs dénonce les effets de la pollution de l’air sur la santé et appuie les mesures prises pour améliorer la qualité de l’air. Depuis les années 1980, les pics de pollution de l’air en rapport avec la densité croissante de population dans les mégapoles, le changement climatique et, surtout, le parc automobile sont identifiés comme responsables de crises d’asthme chez les enfants et les adultes. Plus récemment, les pics de pollution ont également été impliqués dans l’augmentation du recours aux soins pour causes cardio-vasculaires (accidents cardio-vasculaires, infarctus).
Au début des années 2000, les scientifiques du monde entier ont montré l’impact majeur sur la santé de la pollution de fond. L’exposition chronique est significativement liée à l’apparition de nouveaux cas d’asthme infantile ; ce lien commence dès l’exposition in utero chez la femme enceinte.
Selon des études scientifiques plus récentes, chez l’enfant, la pollution de fond engendrerait des allergies (eczéma, allergie alimentaire), des maladies auto-immunes (maladies inflammatoires du tube digestif, diabète), des petits poids de naissance, des défauts de croissance pulmonaire. Chez l’adulte ont été rapportés des pathologies cardio-vasculaires, des infections respiratoires, des maladies auto-immunes (sarcoïdose, polyarthrite rhumatoïde, diabète…), des cancers, notamment du poumon, des maladies neurodégénératives, des accouchements prématurés.
A ces données épidémiologiques s’ajoutent des données expérimentales. Les polluants (particules fines et ultrafines, mais également le dioxyde d’azote et l’ozone) sont à l’origine de processus inflammatoires au niveau des organes et d’un défaut de diversité de notre microbiome (bactéries bienveillantes qui colonisent notre peau et nos muqueuses) avec, comme résultante, un dysfonctionnement immunitaire. Les polluants sont à l’origine d’une modification de l’expression des gènes, notamment chez la femme enceinte, avec un risque accru de voir apparaître chez l’enfant à naître des maladies comme l’asthme.
Plus globalement, la pollution est à la fois responsable d’une augmentation de fréquence de maladies chroniques, mais aussi d’une mortalité dépassant 60 000 décès par an en France. Lorsque des mesures courageuses sur le parc automobile ont été prises au Japon, en Californie, en Suisse (interdiction du diesel, diminution des carburants polluants, augmentation des pistes cyclables, covoiturage, zones à faibles émissions…), la santé respiratoire et cardio-vasculaire des adultes s’est améliorée et les enfants ont retrouvé une croissance pulmonaire normale !
Nous appuyons donc toutes les mesures qui contribuent à diminuer la pollution automobile, à l’origine d’une grande partie de la pollution des aires urbaines, à l’image de la zone à faibles émissions de la métropole du Grand Paris, qui restreindra progressivement la circulation des véhicules les plus polluants, et des quinze métropoles françaises engagées dans ce processus.
Jocelyne Just, professeure, pédiatre, pneumo-allergologue, Paris ;Isabella Annesi- Maesano,professeure, directrice d’unité Inserm, Sorbonne-Université, Paris ;Bruno Housset,professeur, pneumologue, Créteil ;Isabelle Bossé,docteure, allergologue, La Rochelle ; Philippe Bonniaud,professeur, pneumologue, allergologue, Dijon ;Thomas Bourdrel,docteur, radiologue, Strasbourg ;Harriet Corvol,professeure, pédiatre, pneumologue, Paris ;Frédéric de Blay,professeur, pneumologue, allergologue, Strasbourg ;Denis Devictor,professeur, pédiatre, Paris ;Alain Didier,professeur, pneumologue, allergologue, Toulouse ;Jean-Christophe Dubus,professeur, pédiatre, pneumologue, Marseille ;Ralph Epaud,professeur, pédiatre, pneumologue ;Bruno Stankoff,professeur, neurologue, Paris ;Xavier Jouven, professeur, cardiologue, Paris ;Anne Tsicopoulos,docteure, directrice d’unité Inserm, Lille