Pourquoi l’inégalité des revenus est une menace pour le climat
Au cours des dernières décennies, l’inégalité des revenus a augmenté dans presque tous les pays de l’OCDE. Les 10 % les plus riches de la population ont aujourd’hui un revenu moyen environ neuf fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres. Il y a 25 ans, il était sept fois plus élevé. Bien qu’on ait assisté à une augmentation de la prospérité générale au cours des dernières décennies, la croissance n’a pas été équitable, et n’a pas profité à tout le monde.
Une plus grande inégalité alimente la méfiance, le mécontentement et le populisme de droite. Selon une nouvelle étude européenne, les personnes dont le revenu a moins augmenté que celui des autres soutiennent plus souvent des partis d’extrême droite. La tendance à soutenir ces partis est plus élevée chez les individus qui considèrent que leur propre revenu est faible s’ils vivent dans un pays où l’inégalité des revenus a augmenté davantage.
Ce n’est pas seulement la démocratie libérale qui risque la crise lorsque les inégalités augmentent. Nous sommes maintenant confrontés à l’un des plus grands défis de l’humanité : la menace climatique. La lutte contre la hausse de la température dans le monde exige des changements difficiles, des mesures coûteuses et une coopération internationale. Mais pour que des actions soient possibles, la transition vers une économie à faibles émissions de carbone nécessite que les coûts soient partagés et que la prospérité économique soit divisée plus équitablement.
Si ceux qui ont déjà pris du retard doivent aussi supporter les coûts de la transition, il existe un risque imminent d’échec dans cette tâche historiquement importante. Quand plus de 20 % de la croissance du PIB des dernières décennies est allée au 1 % le plus riche (plus que la part de la moitié inférieure de la répartition des revenus), comme c’est le cas en France, proposer une augmentation du prix du carburant devient une provocation.
Pour atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris, les émissions doivent diminuer de 45 % d’ici 2030 par rapport à 2010, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU (GIEC). Pour que la transition vers une société à faibles émissions de carbone soit largement acceptée, les citoyens doivent avoir le sentiment que ces mesures sont justes et qu’elles ne rendent pas la vie inutilement ou injustement difficile aux citoyens et aux communautés ordinaires.