Et si la Terre était vivante
De plus en plus de scientifiques y croient et ont défini neuf composantes principales du système Terre , dotées d’une dynamique propre et reliées aux autres par des interactions complexes .
Nombre de ces processus comportent des points de bascule , dont le franchissement nous éloignerait irréversiblement de l’équilibre ( holocène).
Il y a 9 limites planétaires permettant de rester à distance de ces bascules.
La prise en compte croissante de l’interconnexion des systèmes a conduit à abaisser le seuil de danger à 1,5°C.
Biosphère : Haut Risque
Taux habituel d’extinction : 1 extinction par million d’espèces donc 1 espèce en moyenne disparaît chaque année pour 1 million d’espèces.
Nous pensons que le système a une certaine résilience , nous fixons la limite à 10 espèces par an par million d’espèces.
Aujourd’hui nous sommes entre 100 et 1000 espèces éteintes par an par million d’espèces.
Cette mesure ne donne qu’une idée imparfaite car il y a aussi beaucoup d’espèces qui ne s’éteignent pas mais dont le nombre a été divisé par 10 ou par 100.
Océans : Risque en augmentation
La limite de stabilité chimique se rapproche.
L’acidité de l’océan a augmenté de 30 % depuis l’ère préindustrielle.
L’aragonite , un minéral qui se dissout à partir d’une certaine acidité : son taux de saturation est tombé à 84 % de sa valeur préindustrielle . Les scientifiques estiment que pour éviter uen bascule il ne faut pas descendre sous les 80 %.
Aérosols : Des effets complexes et difficiles à évaluer.
Forte augmentation du fait de certaines activités humaines : industrie , transport , brulis agricoles , désertification,…
A l’état de nos connaissances on ne sait pas évaluer le seuil de bascule.
Climat : Risque en augmentation
De nombreux arguments permettent de dire qu’au-delà de 2 °C d’augmentation moyenne de la température les changements seront profonds et irréversibles.
Le climat résulte lui-même des interactions de nombreux sous systèmes ( récifs coralliens, forêts boréales ou amazoniennes, courants marins de l’Atlantique, moussons indiennes et sahélienne, calottes glacières de l’antarctique, de l’arctique, du Groenland, Pergélisol en Russie et Mongolie, Glaciers alpins, …). Cette douzaine de sous-système sont susceptibles de basculer et de générer un effet domino sur le climat ; chaque stabilisation risquant d’en provoquer une autre , parfois très éloignée.
Par exemple , la disparition de la banquise risque d’affaiblir les courants marins de l’Atlantique qui sont mises en mouvement par la plongée des eaux froides polaires. Or ces courants contribuent à leur tour à la pluviométrie sur la forêt amazonienne.
Des arguments multiples suggèrent la possibilité d’un nouvel état d’équilibre de la Terre à 5 ou 6 °C de plus qu’aujourd’hui. Cela produirait une planète à l’habitabilité réduite , avec une biosphère fortement appauvrie, qui ne serait réversible que sur de longues périodes géologiques.
Eau douce : Risque bas en global
le cycle de l’eau douce est susceptible de basculements locaux ( assèchement du Colorado , Mer d’Aral a été réduite à 10 % de sa surface de 1997,…).
Les ponctions annuelles s’élèvent à 2600 Km3 et devraient s’accroître avec un contexte climatique plus chaud et une augmentation de la démographie.
Le système Terre peut supporter un taux de prélèvement sur le flux global d’eau douce de 30 % , soit 4000 Km3.
Mais des limites locales ont été déjà franchies dans de nombreuses régions ( pourtour méditerranéen, Chine, Inde, sud-est américain ).
Azote et Phosphore : Haut Risque
La modification des grands cycles de nutriments, principalement ceux de l’azote et du phosphore , impacte elle aussi l’équilibre global de la Planète.
L’humanité injecte chaque année dans le système 150 millions de tonnes d’azote et 14 millions de tonnes de phosphore. Ces nutriments permettent d’accroître la production agricole mais ils sont épandus en fort excédent . Ces excédents se déversent dans les milieux naturels où ils provoquent des proliférations d’algues vertes, blooms planctoniques.
Les systèmes de recyclage totalement débordés,leur décomposition asphyxie alors l’environnement.
L’augmentation incessante du nombre de cours d’eau envahis et saturés, l’existence de zones marines mortes ( mer Baltique, golfe du Mexique , .. ) font craindre de se rapprocher dangereusement des points de saturation. Donc il y a le risque de survenue d’une anoxie ( manque d’oxygène ) océanique à grande échelle.
Couche d’ozone : Retour dans la zone de sécurité , risque bas.
Ce sont les premières algues photosynthétiques qui sont à l’origine de la couche d’ozone.
Elle se forme dans la basse stratosphère par l’action du rayonnement solaire sur les molécules d’oxygène atmosphérique . Par une rétroaction , cette couche favorise en retour le vivant , en filtrant certains ultraviolets aux effets délétères sur les organismes.
Des composés issus de l’industrie chimique ( surtout les CFC) ont contribué à affaiblir cette couche dans les années 1970.
Une mobilisation internationale a engendré la suppression de ces composés chimiques et permis la régénération quasi complète de la couche d’ozone.
Sols : Une déforestation au-delà du seuil critique , risque en augmentation.
Les éco-systèmes boisés sont ceux qui influencent le plus la biodiversité et le climat .
Il ne faudrait pas que la couverture forestière descende sous les 75 % de sa proportion initiale , alors que le bilan planétaire actuel est de 62 %.
Les pertes les plus critiques se situent en Afrique centrale et en Asie du Sud-est.
Nouvelles entités artificielles : un saut dans l’inconnu
D’innombrables substances produites par les hommes ( Plastiques, nanoparticules, pesticides, antibiotiques, …) sont susceptibles d’impacter les processus de la Planète.
Synthèse d’un dossier de Science en Vie Mars 2020